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Lara Croft ou Barbie: Le jeu Vidéo au féminin
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16 octobre 2014

Portrait de femme: Zoé Quinn, développeuse harcelée

Zoe Quinn est née près de New York au milieu des années 80. Elle démarre son expérience de développeuse de jeux vidéo au Canada et produit son premier jeu après une formation de 6 semaines et fin 2013, elle sort un jeu appelé Depression Quest.

Depression Quest

Depression Quest est une fiction interactive sortie sur le net en 2013. Le joueur se met dans la peau de quelqu'un qui est en dépression. Il se voit

Zoe_Quinn_Car_2014

proposer des événements de la vie de tous les jours auquels il doit réagir en gérant sa maladie, ses relations, son boulot et le traitement éventuel. Le joueur fait cela en cliquant sur le lien de son choix (prendre ses médicaments ou pas, entamer une thérapie, ...). Au fil des choix, le jeu dresse le profil du joueur dépressif et cerne ses choix (dans une dépression profonde, certains choix "logiques" ne sont plus accessibles). Le jeu propose 5 fins différentes.

D'après les auteurs du jeu (Zoé Quinn, Patrick Lindsey - ayant connu lui-même la dépression - et Isaac Schankler), ce jeu doit permettre de se mettre dans la peau de quelqu'un souffrant de dépression et donc comprendre ces souffrances et les difficultés de tous les jours. Les auteurs précisent bien qu'il n'est pas fait pour les dépressifs et les suicidaires et renvoient ceux-ci vers un service spécialisé d'écoute.

Nous sommes donc dans une catégorie de jeux très proches du serious gaming (jeux sérieux, destinés à un apprentissage notamment professionnel). Le jeu est gratuit mais les joueurs peuvent donner une participation libre. Une partie de celle-ci est reversée au centre national de prévention du suicidé américain. Le jeu a obtenu plusieurs récompenses.

Scandale et harcèlement

Zoe Quinn fait, malheureusement pour elle, la une de l'actualité du jeu vidéo depuis quelques mois[1]. Quel est l'origine du problème ? Lors de la sortie de son jeu en décembre 2013, Zoe Quinn avait déjà fait l'objet de critique et de harcèlement (dirigés contre elle plutôt que contre son jeu !). Depuis (au mois d'août), l'affaire  a pris un nouveau tour. Apparemment, un de ses anciens petits copains a déballé sur le Net toute sa haine en prétendant qu'elle avait eu des rapports avec un journaliste de Kotaku (un blog spécialisé de jeux vidéo), Kotaku qui dès lors aurait favorablement accueilli le jeu.

L'affaire a rapidement pris de l'ampleur (revers de la rapidité de l'Internet, des réseaux sociaux, ...) sur les forums spécialisés et les réseaux comme Twitter. Les propos haineux, malveillants (et sans autres fondements que le linge sale déballé par un ex-petit amis jaloux qui peine à justifier ses dires) abondent. Certains sites finissent par interdire d'aborder le sujet de cette affaire dans ses forums. Les comptes de Zoe ont été hacké, elle a été harcelée sur son téléphone privé, menacée, ... La grosse artillerie quoi.

Mon but n'est pas du tout ici de polémiquer sur le fond de l'affaire quoique, de ce que j'en ai lu, certains internautes se sont trompés de cible et ce sont laisser manipulés facilement: au lieu de "condamner" le journaliste qui aurait (! conditionnel !) manqué d'éthique, ils s'attaquent à la victime (mais aussi celle qui aurait tiré bénéfice !?). Je souhaite juste parler d'une femme dans le monde du jeu vidéo, et par là, comme dans mon ouvrage, souligner un certain machiste (on pourrait même dire un machisme certain) du monde vidéoludique.

Et, au vu de l'actualité (d'autres articulets vous le montreront très bientôt, malheureusement), c'est bien ici la femme qui est attaquée et pas son jeu...

 

Pour en savoir plus:

- une lettre ouverte d'un écrivain, David Auerbach, aux jeunes gamers: http://www.slate.fr/story/91587/lettre-jeune-gamer-affaire-zoe-quinn

 


 

[1] voir Le Monde du 22 août 2014, le New Yorker du 9 septembre 2014, les Inrocks du 10 septembre, Le Guardian des 3 et 12 septembre, Libération du 18 septembre, le Telegraph, le Nouvel Obs, ... plus les blogs et les réseaux sociaux.

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